Aller voir un thérapeute pour la première fois peut être une source d’appréhension tout à fait légitime.
Une terre inconnue souvent remplie de mystère, lié à la méconnaissance du métier, mais aussi des fausses croyances et préjugés encore très présents dans la pensée collective en France.
Combien de personnes souhaitent prendre rendez-vous et ne franchissent pas le pas… Voire en font la demande et ne donnent pas suite.
(Voir aussi : Les préjugés les plus courants sur la psychothérapie)
Pourquoi aller voir un thérapeute peut faire peur
Fort est à constater que les thérapeutes sont fréquemment mal vus ou à l’inverse mit sur un piédestal.
Avant tout, il est important de préciser qu’un thérapeute n’est pas tout-puissant ou un super héros.
Il n’a pas la connaissance absolue et ne décryptera pas tout de vous en un regard.
Il y a aussi un point essentiel, celui d’avoir un bon feeling entre le consultant et le thérapeute.
C’est avant tout un travail d’équipe, d’écoute neutre et de dialogue.
Dans la majorité des situations, le consultant est rassuré dès les premières minutes de l’entretien, même dès la prise de contact téléphonique.
La France est un grand consommateur d’antidépresseurs, d’anxiolytiques et de somnifères. Pourtant, aller consulter un thérapeute est loin d’être une démarche naturelle.
Dans d’autres pays, la souffrance psychologique est tout aussi importante que la souffrance physique.
L’esprit et le corps son indissociable, c’est pourquoi, prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin de ses blocages, de ses souffrances, de ses émotions et des pensées qui en découlent.
Le mal-être psychologique a une très grande influence sur le corps physique, d’où l’intérêt de prendre aussi soin de son bien-être psychologique.
Les personnes ont souvent beaucoup de questions
Qu’est-ce que je vais dire ? Par quoi je vais commencer ?
Suis-je normal(e) ? Et si le thérapeute me jugeait ? Et s’il me disait que j’étais malade ?
Je sais qu’il y a quelque chose qui ne va pas, mais je ne sais pas quoi ?
Ça va être dur ! Est-ce que je vais y arriver ?
Les inquiétudes par anticipations peuvent vous freiner, vous angoisser et réveiller des peurs, ainsi que les réticences liées aux fausses croyances et préjugés. Créant en vous une prison invisible souvent inconsciente.
Les convictions et certitudes créent aussi des contradictions et des résistances découlant sur un manque d’ouverture aux autres, au monde et à soi-même.
Les réticences peuvent aussi être liées à des pensées
1. Je connais mes difficultés, les causes de mes problèmes, donc c’est ok
Avoir conscience de ses difficultés et de ses problématiques est en soi déjà une très bonne chose, cela amorce un palier à la résolution. Pourtant, beaucoup de personnes pensent à tort que c’est l’ascenseur qui amène à la résolution des choses, hors, c’est un leurre à soi-même. « J’allais mieux, pourquoi ça reviens ? »
Survoler sans creuser jusqu’à la source, amène souvent un cycle de redondance, des schémas et des émotions qui se perpétuent.
Le conscient représente 10% de notre psychisme, ce qui laisse 90% à l’inconscient. L’inconscient a beaucoup de pouvoir sur nous et comme l’inconscient est par nature inconscient, il est généralement difficile d’y accéder seul.
2. Je ne vais pas si mal
« Je ne vais pas si mal », « j’ai tout pour être heureux (se) », « Il y a pire que moi », « Je n’ai pas le droit d’être mal ». Relativiser est une bonne chose en soi, toutefois laisser la raison et les besoins primaires assouvis, dominés, au détriment de ses sentiments et de ses émotions est une erreur.
En négligeant ses ressentis, ils se cristallisent en nous et peuvent créer au fil du temps une surcharge émotionnelle non négligeable.
Peu importe dans quelle situation matérielle ou personnelle, vous êtes, chacun a besoin d’être considéré et d’exprimer ses émotions. Elles ont leurs importances et sont légitimes, chacun vit les choses à sa façon et a le droit de considérer ce qu’il ressent et vit.
Se comparer aux autres nous amène souvent à s’extraire de nous-même, créant un déséquilibre dans notre bien-être.
3. Je peux me débrouiller seul
C’est important de compter sur soi-même et d’être autonome, toute fois la pensée de devoir être continuellement fort et la seule personne à pouvoir régler ou dépasser les difficultés de vie, peut vite devenir un piège qui nous emprisonne et rend le changement impossible.
Il est souvent difficile de reconnaitre que ça ne va pas, de demander de l’aide ou du soutien. Pourtant, c’est une force, une humilité envers soi-même, qui en rien nous infantilise, réduit nos capacités et notre être. Faire le choix de se sentir bien, de vivre un mieux-être en allant voir un thérapeute vous rend acteur de votre vie, de votre bien-être. En vous autorisant à dépasser vos préjugés, vos peurs et d’avancer, en améliorant votre qualité de vie tout en étant soutenu et accompagné.
4. Les mauvaises expériences
Malheureusement, certaines personnes ont eu dans leur vie personnelle ou familiale des exemples ou des expériences de personne qui sont allées consulter un thérapeute pour qui, cela ne s’est pas bien passé, pour diverses raisons (inefficacité, problème de feeling, manque de compréhension ou de dialogue, …). Laissant en eux une image négative et une perte de confiance, pouvant aussi nourrir les préjugés.
Il est important de faire sa propre expérience et de tester une ou deux séances pour faire sa propre opinion et voir l’intérêt à consulter un thérapeute.
Chaque expérience est unique et même si le courant ne passe pas avec un thérapeute, vous avez le droit de changer sans forcément penser qu’ils sont tous pareils.
Les différents types de peurs
Voyons ensemble les différentes peurs, les plus communes, pour aller voir un thérapeute.
Une liste qui est loin d’être exhaustive…
1. La peur en général
La peur la plus archaïque, celle du danger, est aussi vieille que le monde. Tout au long de l’histoire, elle a permis à l’être humain d’affronter des situations dangereuses et de s’en sortir. Elle est adaptée dans la mesure où elle nous pousse à agir avec prudence face aux dangers potentiels et à contribuer à notre survie en tant qu’espèce. Faire face à une situation menaçante nous permet d’apprendre. En se souvenant du danger qui nous a menacés et surtout de la façon dont il a été surmonté.
Cependant, selon l’intensité de la peur, elle peut être limitante, voire paralysante. Aujourd’hui, elle peut nous limiter ou nous bloquer lorsque nous sommes en quête de nouvelles opportunités, de nouvelles rencontres, de changements, etc.
Il existe d’autres types de peurs que celle du danger, comme la peur du rejet, de la mort, celles liées aux pensées, aux fantasmes, qui influent toutes sur nos comportements.
La paralysie causée par la peur a des conséquences sur les personnes qui souvent préfèrent tolérer ou supporter les aspects négatifs de celle-ci, plutôt que de l’affronter et la dépasser. Amenant dans le quotidien des personnes, un mal-être, des blocages, des freins, des limitations, …
2. La peur de l’inconnu
La peur de l’inconnu est aussi archaïque et primaire que celle du danger, elle est universelle et intrinsèque. Elle est liée à un manque d’information, une incertitude, de potentielles menaces, de non maîtrise et de non contrôle de ce qui pourrait potentiellement arriver et de ses conséquences.
Cette peur peut créer un état d’angoisse, mettant les personnes face à l’incertitude en les poussant à éviter ce qu’ils ne maîtrisent pas. Amenant des pensées telles que : « pourquoi prendre des risques », « On ne sait jamais… » « Ne vaut mieux pas tenter », etc.
Aller voir un thérapeute, surtout la première fois, peut être très intimidant et angoissant. Une terre inconnue sur soi-même, à ne pas savoir comment vous allez réagir, comment ça va se passer, qu’est-ce qu’il va ressortir lors de cette séance, etc.
La peur de perdre le contrôle peut être très affligeante et angoissante, pourtant se lancer, en prenant contact avec un thérapeute, peut vite transformer ces états émotionnels en un sentiment rassurant.
Demander au thérapeute des informations supplémentaires pour vous rassurer, pour apaiser vos craintes et vos doutes peut rendre l’inconnu moins mystérieux.
3. La peur du changement
Cette peur est aussi liée à la peur de l’inconnu, celle qui nous angoisse à l’idée de perdre le contrôle.
Des mécanismes de défense naturelle qui permettent de conserver ce qui est acquis et protège de ce qui est imprévisible ou dangereux.
L’humain est allergique à l’incertitude et tout changement comporte une part d’inconnu, qui peut être inconfortable à vivre. Il est parfois préférable de rester dans sa zone de confort, comme son nom l’indique, c’est bien plus confortable. Cela évite aussi de se confronter à soi-même, aux situations ou aux événements.
La peur du changement est tout à fait naturelle, tout au long de notre vie, nous évoluons et faisons des choix qui impliquent des changements. Que ce soit des changements choisis (naissance, mariage, etc.) ou subis (licenciement, etc.), ils génèrent un stress tout à fait naturel lié au changement de vie et d’environnement. Une notion qui implique la perte de quelque chose, ce qui peut générer de l’angoisse et/ou de la tristesse, même lors de changement positif. D’autres causes liées à la peur du changement sont d’avoir peur de faire une erreur, ainsi que la peur de la critique ou du rejet.
Lâcher l’ancien pour faire place au nouveau
L’idée d’aller voir un thérapeute peut générer ces peurs, mais cela peut aussi être dû à des résistances à l’abandon de voir, de penser et d’agir autrement.
Nous sommes des êtres d’imitations et de mimétismes. Enfant, nous avons appris sur des modèles de référence, tel que nos parents, notre famille, l’école, etc. Tout dépend comment nous avons appris, et mis en place le mimétisme en fonction d’eux. De voir comment ils réagissaient ou agissaient face au changement, plutôt routinier « moins l’on prend de risque, mieux l’on se porte », ou plutôt aventurier « il faut oser, et prendre des risques, on n’a rien sans rien ».
Les réticences de prendre un rendez-vous chez un thérapeute peuvent donc être liées aux différents éléments de la peur du changement. Pour certaines personnes, la souffrance peut représenter une zone de confort, même si cela est paradoxal, mais bien réel. Les personnes trouvent un bénéfice à cet état, pour diverses raisons. Au bord du burn-out, la personne reste pourtant dans son travail, pour une question de salaire, d’habitude, etc. Il y a aussi ceux qui sont dans la victimisation. Ils se complaisent dans leur zone de confort par besoin d’endosser le rôle de la victime, lié à diverses raisons. Il est primordial de creuser et de dépasser cette mécanique de fonctionnement. Sortir de sa zone de confort fait appel au changement et à l’inconnu, des éléments sources de peur, qui selon chacun se vivent à différents degrés de résistances.
4. La peur du jugement
Selon Maslow, psychologue reconnu qui a créé la pyramide des besoins essentiels pour vivre, le besoin d’appartenance arrive en 3ᵉ position après les besoins physiologiques (faim, soif, sexualité, respiration, etc.) et le besoin de sécurité (environnement stable et prévisible).
L’humain est un être social et a besoin des autres pour vivre. En se référant à l’histoire humaine, il a toujours eu besoin du soutien des autres, pour chasser, se nourrir, etc.
Le besoin d’appartenance est inné chez l’humain. Le regard des autres nous permet de nous adapter et d’appartenir à un groupe, d’avoir une opinion, de respecter des codes et différents éléments d’une culture. Cela nous ouvre à une sensibilité et une tolérance créant un respect mutuel.
La peur du jugement est essentiellement reliée à la peur du rejet, de l’échec, de la perte de contrôle et du ridicule. Des peurs reliées aux pensées, principalement dû à celles que nous avons vis-à-vis de nous-même, donc liées à la confiance en soi, mais aussi à ce que nous pensons que les autres vont penser.
Les thérapeutes ne sont pas des super héros. Ils se doivent d’avoir une éthique de neutralité, de confidentialité, de justesse, de compréhension et d’empathie ».
Ils sont là pour vous aider, vous accompagner et vous aiguiller.
5. La peur de se dévoiler
La majorité des personnes pensent à tort que les souffrances psychologiques sont en rapport avec la force ou la puissance.
Il est tout à fait possible d’être fort et courageux tout en ayant des peurs, des addictions, des problèmes relationnels, …
Le fait de se dévoiler nous ramène souvent à l’idée de fragilité, de dévalorisation, de faiblesse, rejoignant la peur du jugement et de la critique. La peur que les autres et le thérapeute nous jugent, nous manipulent, mais aussi du jugement et de la critique que l’on porte à soi-même.
Se dévoiler nous amène à ouvrir les portes de son intimité, une sensation de mise à nu, de confiance et de confidence.
La peur de faire ressortir des émotions, de les revivre, de ne pas les maitriser et d’être submergé.
Un tout qui peut amener une réticence à aller voir un thérapeute.
Même s’il y a une évolution à ce sujet. Les hommes sont parfois plus réticents à voir un thérapeute lié à des idées reçues et des adages encore très présents dans la pensée collective, comme « l’homme doit être fort ». Que ce soit conscient ou totalement inconscient, cela met un frein à l’acceptation de la vulnérabilité et l’expression des émotions.
Dévoiler sa vulnérabilité demande beaucoup de courage
Avoir des émotions fait partie intégrante de l’humain, les exprimer et montrer ses souffrances fait vivre simplement son humanisme.
Le fait de reconnaitre d’avoir besoin de l’aide d’un thérapeute est une force, une humilité envers soi-même, qui en rien nous infantilise, réduit nos capacités et notre être.
Ce n’est pas un aveu de faiblesse, au contraire, une vraie force de reconnaitre ses limites, ses faiblesses, sa sensibilité, de les accepter et l’exprimer.
De se montrer tel que nous sommes.
Prendre cela en considération, c’est se respecter, se considérer, même s’il n’est pas toujours aisé de dépasser la honte et la gêne que peut procurer la demande d’aide.
Les problématiques sont souvent la conséquence de difficultés inconscientes, qui porte bien son nom, d’être inconscient. Ces problématiques échappent à la volonté, qui elle, est pleinement consciente, et ne maitrise pas pour autant la situation, ni les émotions et les comportements.
6. La peur de la dépendance
Certaines personnes ont peur de se faire manipuler par le thérapeute, en pensant qu’il va utiliser ses faiblesses par cupidité ou toutes autres raisons. Un thérapeute est là pour accompagner et aider les personnes et non pour les affliger, les dominer et encore moins pour les rendre dépendantes de lui.
Le thérapeute est là pour les aiguiller à mieux se comprendre et comprendre ce qu’ils vivent. Il les aide à reprendre le pouvoir sur eux même, à retrouver une paix intérieure et leur liberté d’être.
Dans certaines situations où le thérapeute est mis sur un piédestal, il peut être perçu comme le solutionneur, le magicien des problèmes, surtout face à des personnes qui ont déjà un problème de dépendance affective ou émotionnelle.
Cela incombe au thérapeute d’être neutre, juste, de s’adapter et d’agir en fonction. Le rôle du thérapeute est avant tout de créer un lien de confiance permettant au consultant de se confier, de le guider dans son autonomie et de mener à bien une réflexion profonde sur lui-même.
Il y a une grande différence entre une dépendance à son thérapeute et l’affection que l’on peut lui porter. Cela est totalement humain face à quelqu’un qui nous aide et nous accompagne, lors de moments difficiles ou de phase de vie complexe. Tout est question de mesure et d’équilibre.

